mardi 1 décembre 2015

Dans "l'enfer blanc" du Mont Aigoual. 7 février 2009

Salut !

 

La situation météo étant pour le moins calme en ce moment, je remets en ligne quelques archives.

 

Direction le Mont Aigoual, le 7 février 2009 avec une couche de neige "historique".


Le Mont Aigoual, qui culmine à 1567 m à la frontière entre Gard et Lozère est un lieu mythique pour tous les passionnés de météo, en raison de la présence du dernier centre météo habité de manière permanente en montagne. Les relevés de la station disponibles sur Infoclimat laissent souvent "rêveurs" les habitants des plaines languedociennes situées à quelques dizaines de km seulement.

Situé à moins de 80 km des rivages de la Méditerranée il est au carrefour des influences climatiques "méditerranéennes" et "atlantiques", le tout avec une forte tonalité montagnarde en raison de son altitude ce qui en fait un lieu d'excès climatiques bien connu.

Cette semaine (début février 2009) il est tombé plus de 150 cm de neige (plus de 200 mm de précipitations) lors d'un bel épisode cévenol hivernal. La couche au sol est d'environ 200 cm à l'heure actuelle avec des congères monstrueuses, des hauteurs atteintes seulement à 2 ou 3 reprises depuis 30 ans a priori. Il était donc impératif d'aller y faire un tour !


Départ de Nîmes (en compagnie d'un ami) sous les éclaircies qui nous accompagnent jusqu'à Valleraugue au pied de la montagne.
Mais le sommet est plongé dans les nuages et les violentes bourrasques de vent de NO projètent la neige du sommet jusque dans la vallée, des gouttelettes mouillent mon pare brise : les conditions ne vont pas être faciles aujourd'hui on le sait (-5°C, tourmente avec vent > 100 km/h etc.. : le vrai Aigoual hivernal quoi).


Je vous propose un voyage dans "l'enfer blanc" de la tourmente sur ce sommet mythique des Cévennes. Perso je me suis régalé, j'aime ces conditions qui nous remettent un peu à notre place nous hommes pleins de certitudes face à la nature.
 

 

Première étape à l'Espérou, village situé entre 1200 et 1250 m d'altitude. La couche de neige est conséquente et les fraises à neige ont eu fort à faire cette semaine ! Quelques photos des rues du village. 

 


  




Direction ensuite la station de ski de Prat Peyrot à 1400 m d'altitude. On ne peut pas monter plus haut en voiture, les routes d'accès à l'observatoire sont bien entendu obstruées par la neige et les énormes congères...


La route entre l'Espérou et Prat Peyrot.




La couche de neige est énorme (environ 2 mètres) et les congères n'en parlons pas...

 



Embranchement de la route d'accès Sud à l'Observatoire. Point de départ de notre balade.

 



Nous sommes donc sur ce qui tient lieu de route habituellement avec des centaines de voitures qui passent ici en été... Difficile de reconnaître les lieux et de s'imaginer ça, mais j'ai des preuves... A voir plus loin.
Obligés de se baisser pour passer sous les grands sapins : c'est clair y'a de la neige ! Et pas qu'un peu !

 




Ah ! Vous voyez bien je ne vous ai pas menti, le panneau fait office de preuve (plus pour longtemps ?)

 



La balade comprend un passage hors forêt, juste sous l'indication D269. A cet endroit le vent de NO violent dévalait la pente et était en train de "construire" une congère monstrueuse qui gommait totalement le relief sur une bonne centaine de mètre. Plus de 5 mètres d'épaisseur à mon humble avis. C'est simple il n'y avait plus l'entaille de la route mais une simple pente à 15°. Pas de photo car à cet endroit vent violent et visibilité 5 mètres...



Nous continuons notre progression. Arrivée au grand virage du "menhir". Miracle un peu de "soleil" (il faut le dire vite...).

 





Dans le virage, les panneaux disparaissent sous la neige...


 




A partir de là, l'enfer commence : on passe du versant Sud (relativement abrité) au versant Nord... Vent de face à 80 km/h en moyenne et rafales à plus de 100 km/h. Visibilité parfois quasi nulle. La route, les piquets, la lisière de la hêtraie nous servent de fil d'Ariane.





Arrivée à l'Observatoire : direction la façade Sud pour s'abriter de la tempête. Un peu de répit mais la neige tourbillonne dans tous les sens. 

 



Le vent de NO dépose beaucoup de givre.



 

Le "vaisseau" dans la tempête... Les congères enfouissent une partie des bâtiments par le Nord (gauche de l'image).




Pas assez de visibilité pour faire la même photo mais en gros, toute la gauche de l'image était "uniformisée" par les congères si bien que l'on pouvait monter directement de la terrasse (droite de la photo) au parc à instruments (droite de l'image) en ligne droite, les congères ayant gommé le dénivelé entre les différents volumes du bâtiment.

 

 






Le mât de mesures anémo pris par le givre.





Je monte sur la tour, à la table d'orientation faire une petite mesure à l'anémo à main : 112 km/h, assez insupportable avec le froid et la neige qui vole (sans parler du givre qui se détache des structures de la station).

Le parc à instruments dans le blizzard...



 

 

L'entrée (habituelle) du musée de la météo ! Pas d'expo aujourd'hui !






Les bâtiments partiellement enfouis.

 


 




Ca va être problématique d'aller manger un bout au resto ou boire un coup sur la terrasse aujourd'hui... C'est bien simple on marche sur le toit du bâtiment en raquettes et on peut rentrer direct dans le parc à instruments...





Les conditions se dégradent nettement avec un vent qui se renforce et une T°C qui commence à chuter largement sous les -5°C, il est temps de s'éclipser car ça devient tendu... Pas d'autre choix que de redescendre par le même chemin, le seul un peu abrité...



Oh le soleil qui filtre à travers la neige soulevée par le vent... Ca ne dure que 5 secondes.




Sur le versant Sud, bien pentu, de petites coulées de neige humide (qui a regelé depuis) ont traversé la "route" ! (Le truc noir c'est mon gant en train de s'envoler...).

 




Dans le "calme" relatif de la forêt, un petit pont pour donner une idée de la hauteur de neige égale à l'abri : entre 150 et 200 cm).

 



Voilà cette rando pas comme les autres s'achève... Par la suite, en fin d'aprem', nuit et ce matin encore les conditions sont devenues encore plus extrêmes : -9°C et vent jusqu'à 150 km/h en rafales, bien content d'être redescendus à Nîmes quand même !


Sur la route du retour : formation de verglas sur la route avec 3 sorties de route (sans gravité) vu en direct (dont la voiture devant moi qui est parti en sucette évitant de peu le ravin de plusieurs centaines de mètres de dénivelé) et 2 autres voitures dans le fossé, le tout sur une portion de 500 m de descente.

A bientôt pour d'autres archives.


Vincent Lhermet