samedi 29 novembre 2014

Orages et inondations, nuit du 27 au 28 novembre 2014 dans l'Hérault et le Gard

Salut !

 

La nuit du 27 au 28 novembre 2014 a connu une nouvelle dégradation orageuse, dans la continuité de cet automne qui restera gravé dans les annales pour la récurrence des épisodes violents en Languedoc.


Dès le début de nuit des orages s'organisaient et remontaient sur la Camargue puis le littorale de l'Hérault. Fortes précipitations et vent fort rendaient la prise de vue difficile, les images suivantes ont donc surtout valeur de témoignage.


22h00 : orage sur la petite Camargue vu depuis Restinclières dans l'Est de l'Hérault.

 



23h00 : toujours dans le même secteur. Coup de foudre plus proche, sur les collines de Saint-Christol au Nord de Lunel. malheureusement le point d'impact est hors cadre.

 



00h30 : paysage illuminé par un intense coup de foudre sous les intenses précipitations. A gauche de l'image, la silhouette du village de Saint-Géniès-des-Mourgues.

 



01h15 : coups de foudre au Nord de Restinclières.




Par la suite l'orage s'est nettement intensifié sur le plan des précipitations, rendant la prise de vue impossible. Au plus fort de la cellule, de la grêle se mêlait même à la pluie. Assez rare une fin novembre !


Je prenais alors la route pour rentrer dans les alentours immédiats de Sommières afin d'éviter de me retrouver bloqué. En effet, les ruissellements étaient immédiats et intenses en liaison avec l'état d'extrême saturation des sols qui ne pouvaient plus absorber toute l'eau tombée du ciel !


2h00 : ruissellements en provenance des vignes dans le secteur de la chapelle Saint-Julien, au Nord de Sommières sur la commune de Salinelles.

 

 

2h15 : évacuation de l'orage au delà du massif des bois de Paris.

 

 


2h25 : un éclair illumine le paysage et laisse entrevoir le fort débordement du très modeste ruisseau du valat des Romanes à Salinelles !



Bien évidemment je me retrouvais bloqué : la route entre Salinelles et Sommières était sous l'eau. Je tentais alors de prendre un raccourci via les alentours du château de Pondres à Villevieille mais là aussi j'allais me retrouver face à des routes impraticables...


3h00 : l'Aigualade en débordement sur la route aux alentours du hameau de Pondres. Demi-tour obligatoire...



Finalement, je réussissais à rejoindre Sommières via un détour par Lecques et Fontanès...


Ces pluies faisaient monter le Vidourle mais la crue restait modeste (environ 2.5 m au maximum).


Je mettrai prochainement en ligne une petite vidéo montrant d'autres débordements.


Par la suite, c'est l'Hérault qui subissait les plus violents orages avec deux tornades signalées (avec de lourds dégâts à la clé) dans le secteur de Sérignan et Nissan-lez-Ensérune, une crue majeure de l'Orb amont et un violent coup de mer entraînant des phénomènes de submersion marine. Par extension, le Sud de l'Aveyron connaissait aussi de très fortes crues sur les bassins de la Sorgues et du Dourdou notamment.


Ce week-end c'est l'Aude et le Roussillon qui sont en ligne de mire, puis une accalmie devrait intervenir la semaine prochaine avec le retour du Mistral et de la fraicheur de saison !



A bientôt.


Vincent Lhermet.

samedi 15 novembre 2014

Orages du 14 novembre 2014 dans le Gard

Salut !


Vous avez pu le constater si vous habitez dans la région, ou si vous suivez le blog : cet automne 2014 est assez exceptionnel de par l'enchainement d'épisodes orageux fortement pluvieux (épisodes cévenols et méditerranéens) sur l'Est du Languedoc.

La nuit dernière a été marqué par un nouvel épisode. Les orages n'ont pas été les plus violents de l'automne, mais du fait de la saturation des sols, les inondations ont été localement assez importantes et dramatiques avec plusieurs victimes.

Toutes ont été emportées dans leur voiture, sur des ponts submersibles ou routes inondables. On ne le répètera jamais assez : ne jamais tenter de traverser une route inondée car il est impossible de juger de la profondeur exacte et de la force du courant. De plus il suffit de 20 à 30 cm d'eau pour qu'une voiture se mette à flotter !

La très grande majorité des victimes d'inondation le sont au volant de leur voiture, l'habitacle donne un faux semblant de sécurité qui conduit bien souvent à des drames, ou à des fins plus heureuses, comme nous vous l'avions raconté dans un billet précédent : http://vincentlhermet.blogspot.fr/2014/09/video-exceptionnelle-vehicule-emporte.html

Pour en revenir aux orages d'hier soir, voici quelques photos réalisées dans le secteur de Cardet au Sud du bassin alésien. Prise de vue rendue difficile par les fortes pluies et par les puissantes rafales de vent.


21h54 : évacuation de la première ligne d'orages en direction de l'Ardèche



23h16 : passage de la seconde ligne orageuse avec un puissant impact proche (moins d'un km) tombant malheureusement derrière un arbre



23h18 : un autre impact sur les collines dominant le Gardon


La "saison des pluies" n'est pas terminée, il faudra désormais surveiller toutes les dégradations méditerranéennes tant les sols et les cours d'eau sont saturés.


A bientôt.


Vincent

lundi 13 octobre 2014

Orages et crues des 10 et 11 octobre 2014 dans le Gard

Salut !

 

Cet automne 2014 a décidément envie de nous rejouer la même partition ! Vous avez pu vous en rendre compte : les orages ont à nouveau fait la Une de l'actualité ces derniers jours. Retour sur l'évènement tel que je l'ai vécu.


Jeudi 9 octobre en soirée : le département du Gard est en vigilance orange, un nouvel épisode méditerranéen est en effet attendu. Alors qu'une ligne d'orages formée sur Midi-Pyrénées se déplace vers l'Est je vais me positionner sur les hauteurs de Saint-Jean-de-Serres (30) afin de l'intercepter.


Il est environ 1h00 du matin (le vendredi 10 octobre donc) lorsque qu'elle m'atteint. Je ne réussi à prendre aucune photo car la ligne se déplace rapidement, accompagnée de nombreux flashs mais sans foudre visible à l'avant.

En quelques minutes je suis enveloppé par un véritable déluge, les intensités sont phénoménales et les fossés débordent au bout de quelques minutes à l'entrée de Lézan. Heureusement les orages sont pour l'instant mobiles et ne causent pas de gros problème...

Etant donné que la prise de vue est désormais impossible je me replie vers Sommières en pensant que la soirée est terminée sur le plan photographique. Il n'en est rien !

En effet, à l'approche de l'Ouest de Nîmes, le système orageux tend à ralentir et à se bloquer, tout en lâchant une quantité de foudre assez hallucinante sur le massif du bois des Lens et ses alentours.

Après de longues minutes de galère pour à la fois sortir des pluies diluviennes et trouver un point de vue dégagé je me poste aux alentours du village de Montpezat et je peux alors capturer la foudre, mon graal.

L'ambiance est apocalyptique, l'orage est vraiment très violent, avec de multiples impacts. Je vais vivre une demi-heure très intense et impressionnante, en marge immédiate des précipitations et de la foudre qui s'acharne en bordure Sud de l'orage.


1h50 : première capture avec point d'impact sur les collines au Nord-Ouest du village.

 


1h51 : second puissant impact qui tombe quasiment au même endroit.



1h54 :  double foudroiement simultané. Les "coups de canon" sont impressionnants.





1h54 : moins de 30 secondes plus tard ce sont 3 coups de foudre (plus éloignés) qui s'abattent.



Lors de la prise de vue, un coup de foudre tombera dans mon dos à quelques centaines de mètres. Sensations garanties...


2h01 : l'orage ne bouge quasiment pas, mais le noyau de foudroiement s'est éloigné. Je décide alors de réaliser une petite composition avec le village perché de Montpezat.




Puis les précipitations tendent à regagner vers le Sud-Ouest (caractère rétrograde de l'orage) et la prise de vue devient alors impossible.


Des pluies diluviennes vont alors tomber pendant de longues dizaines de minutes, plusieurs heures même. Tout le secteur au Nord et à l'Ouest de Nîmes est en proie à des ruissellements extrêmement violents : tous les cours d'eau sont en crue.


Je finis par arriver dans le village de Saint-Côme dans la Vaunage mais la situation est vraiment tendue : tous les accès (sauf celui descendant la colline depuis le giratoire de la RD999) sont coupés par des fossés en débordement violent.


Illustration à 3h10 au coeur du village : passage impossible sous peine de se faire emporter. L'eau passe par dessus le petit pont et s'écoule sur la chaussée, avec de fortes vitesses.



 

Je décide de me replier sur le relief pour plus de sécurité mais je constate avec effarement que le valat de la Font d'Auroux coupe la RD999 vers le giratoire de Clarensac / Parignargues ! Il me faudra patienter plus de 30 mn pour pouvoir passer.


Après un détour par Sommières je vais jeter un coup d'oeil au Rhôny à Calvisson.


4h54 : il est logiquement en grosse crue et transforme la plaine en véritable lac. Impressionnant !

 

Je rentre chez moi pour quelques heures de sommeil... au petit matin je suis réveillé par la sirène à Sommières : le Vidourle est en train de sortir très rapidement, gonflé par les apports essentiellement de la Courme et de l'Aigualade.

Une nouvelle fois (la troisième en moins d'un mois !) il envahi la vieille ville et les quais. Il atteindra une côte d'environ 4 mètres (plus haut que le 29 septembre mais environ 50 cm de moins que le 18 septembre) :

 


Fin du premier acte...
Le département est désormais placé en vigilance rouge en prévision d'autres orages prévus en soirée. Je passe une grande partie de l'après-midi à aider le commerce voisin à déménager en prévision d'une éventuelle nouvelle vidourlade.


Vidourlade qui ne se produira pas, car bien heureusement les orages seront bien moins diluviens et ne causeront pas de problèmes majeurs. Mais ils nous offriront un spectacle incroyable niveau foudre.


Après le passage d'une ligne assez peu photogénique, une cellule isolée bien vigoureuse et bouillonnante va s'organiser à l'arrière, dans l'air sec et sous un ciel étoilé. Je suis positionné dans les environ de Saint-Chrisol, à la frontière Gard / Hérault.

Après quelques simples flashs un premier coup de foudre se manifeste.

Il est 1h27 :



Je cadre alors la zone de foudroiement au 85 mm quand un éclair déchire le ciel : je viens de rater un sublime double coup de foudre extranuageux ayant surgit du sommet du nuage ! Un pote qui était avec moi capture cet éclair exceptionnel.

Je me mets alors en grand angle, en espérant d'autres manifestations du même type et ça ne va pas louper ! Un spectacle magnifique, digne de la Floride ou du Queensland australien ! Des extranuageux qui s'échappent de la partie haute du cumulonimbus et s'abattent à plusieurs kilomètres à l'écart de l'orage.

1h32 : sublime triple impact extranuageux !


 

1h34 : encore un extranuageu qui produit 3 impacts au sol !


Je rate alors d'autres éclairs du même type, qui tombent hors cadre tellement ils s'éloignent du nuage...


En s'éloignant, le cumulonimbus est toujours aussi magnifique : des bouillonnements convectifs très puissants, mêlés à des nuages laminaires en "pile d'assiettes" : le spectacle est grandiose !


2h08 : une dernière image de cet orage d'une rare beauté ! Digne des latitudes tropicales.

 

 
A bientôt pour de nouvelles aventures. Et n'oublions pas que si ces orages méditerranéens sont une magnifique source d'inspiration, ils sont également des phénomènes destructeurs, cette fin de semaine en aura une nouvelle fois été l'illustration.

A bientôt.

Vincent

mardi 30 septembre 2014

Seconde crue du Vidourle en onze jours. 29 septembre 2014

Salut !


Il fallait s'y attendre : le Vidourle a une nouvelle fois envahi les rues de Sommières hier soir en liaison avec l'épisode diluvien qui a concerné la région de Montpellier (entre autres). Cette fois-ci, les Cévennes ont été quasi épargnées, c'est le moyen bassin versant qui a été touché par les fortes pluies avec des cumuls supérieurs à 100 mm en quelques heures dans les secteurs de Vic, Montmirat, Montpezat, Sommières...

Le fleuve est certes monté moins haut que le 18 septembre dernier (3.71 m hier contre 4.45 m il y a 11 jours) mais cet enchaînement de crues n'était pas arrivé depuis plusieurs années.


Deux images d'hier soir lors du pic de crue vers 23h00.


Le quai Gaussorgues en partie submergé avec le pont Tibère en arrière plan :

 


Une des rues de la vieille ville transformée une nouvelle fois en Venise temporaire :



La suite de l'automne reste à surveiller attentivement car :

- les deux épisodes des 15 derniers jours ont totalement saturé les sols,

- la configuration météo actuellement modélisée par les modèles de prévision numérique laisse entrevoir de possibles épisodes de fortes pluies sur le Languedoc la semaine prochaine. Tout cela reste totalement incertain étant donné l'échéance lointaine mais c'est un signal qui doit inciter à la vigilance.

Situation à suivre...

A bientôt.


Vincent

mercredi 24 septembre 2014

Vidéo exceptionnelle : véhicule emporté par l'Argentesse en crue le 17-09-2014

Salut !

 

Suite à mon article sur la vidourlade des 17-18 septembre 2014 à Saint-Hippolyte-du-Fort et Sommières (http://vincentlhermet.blogspot.fr/2014/09/vidourlade-des-17-18-septembre-2014.html) j'ai reçu plusieurs commentaires et messages de personnes ayant vécu cette crue.


Une de ces personnes (Copa30 sur Youtube) m'a signalé les vidéos qu'il a tourné le 17 septembre au soir à St-Hippolyte.

Il s'agit véritablement d'un document exceptionnel ! En effet ces images effrayantes montrent sa voiture emportée par l'Argentesse en crue alors qu'il est au volant, le tout filmé en caméra embarquée !


Signalons que la personne s'en est sortie vivante, ce qui est un miracle vu les vidéos suivantes. A regarder dans l'ordre chronologique pour bien comprendre.


Vidéo n°1 : https://www.youtube.com/watch?v=gThflcD9MC0


Traversée de Saint-Hippolyte-du-Fort sous le déluge. Il est environ 18h39 et l'Argentesse ne submerge pas encore le pont (la voiture le traverse à la 50ème seconde de la vidéo). L'automobiliste se dirige en direction de Ganges via la RD999. Les intensités pluvieuses sont énormes et les premiers fossés débordent.

 

 

Vidéo n°2 : https://www.youtube.com/watch?v=iala8lMyYrE

18h50 environ. Tout bascule... L'Argentesse et les ruissellements submergent la RD999. Les voitures sont bloquées.

A environ 1 mn sur la vidéo, l'automobiliste tente un demi tour mais son véhicule est emporté par le courant de l'eau qui recouvre à présent la chaussée et fini dans l'Argentesse en crue ! Incroyable ! S'en suit 1 mn effrayante (bien que la personne garde son sang froid) où la voiture flotte et est malmenée au sein du torrent furieux, chances de survie minimes dans ces conditions...

Par bonheur, l'automobiliste finira sain et sauf (je suis en attente de précisions concernant son sauvetage et la manière dont il s'en est tiré sans encombre).


Sa voiture finira elle environ 4 km plus loin, déchiquetée dans le Vidourle au Sud de Saint-Hippolyte. Voir la vidéo n°3 : https://www.youtube.com/watch?v=r8sCEP6zHeQ


Voici une carte montrant l'endroit où la voiture a été emportée et l'endroit où elle a été retrouvée à la décrue , à plusieurs km de là en aval du village :



Cette vidéo est un témoignage exceptionnel. D'une part parce que l'automobiliste s'en est sorti vivant (ce qui relève du miracle) et d'autre part car elle montre (en mode caméra embarquée, donc de manière tout à fait claire pour tout le monde) comment tout peut basculer en quelques minutes sous ces orages méditerranéens diluviens. Un vidéo somme toute très pédagogique car elle montre qu'il suffit de quelques dizaines de cm de ruissellements pour se faire emporter en voiture...


Un grand merci à Copa30 pour ses vidéos et bon courage à lui pour la suite.


A bientôt.


Vincent

Ajout du 15 octobre 2014 : ci-dessous, le témoignage écrit par "Copa le rescapé".

 

"Oui et je suis indemne.

 

Mercredi 17 septembre je prends la route Anduze-Vailhauquès vers 18h.

Il déluge et je décide de filmer avec mon portable accroché au rétroviseur.

Arrivé à Saint Hyppolite-du-Fort la pluie bat son plein et je dois traverser des routes inondées de 20cm.

Je rattrape une file de voitures roulant très doucement. Ca ne me rassurait pas car j'avais peur de noyer le moteur vu l'eau sur la route.

Et au bout d'1 km les 5 voitures se stoppent et je vois une file de voitures derrière moi nous rejoindre.

Etant à l'arrêt je relance la caméra du portable et vois 2 voitures passer en sens inverse suivies de 2 autres.

N'en reste plus qu'une devant moi et j'attends qu'elle fasse demi-tour pour pouvoir faire le mien.

Elle avance un peu mais ne fait toujours pas demi-tour et voyant l'eau traverser toute la route et monter de 20cm en autant de secondes je commence un demi-tour en marche arrière.

 

Trop tard... L'eau est trop montée et le courant vient soulever ma voiture sur le côté, me fait faire un 180° et je me retrouve entrainé dans un champs de vignes recouvert de 2m d'eau puis poussé par le courant dans le lit de l'Argentesse. Juste le temps de voir la file de voiture dans laquelle j'étais et me voilà parti dans un torrent en plein déluge.

Mon premier reflex est de défaire ma ceinture au cas où je viendrais à rentrer dans un arbre et que la voiture coulerait. Etant sous adrénaline tout m'aura semblé plus long mais au bout de quelques secondes la voiture se tourne dans le sens du courant et sachant le danger dans lequel je suis je décide d'appeler une amie pour qu'elle prévienne les pompiers.

Je décide ensuite de réunir ce qui pourrait me servir:

-mon coupe-vent pour m'imperméabiliser, me protéger un peu dans l'eau et me permettre de garder ma chaleur si je venais à passer la nuit dans un arbre.

-mon téléphone portable avec tous mes contacts, la vidéo et peut-être la possibilité d'appeler des secours.

-mon porte-feuille avec tous mes papiers. C'est toujours ça comme temps gagné en démarches et aussi un bon moyen de connaître mon identité si je venais à être trouvé inconscient ou mort.

Le moteur est noyé et je n'arrive plus à le démarrer mais les lumières du tableau de bord et de l'autoradio sont encore allumées. J'arrive à descendre ma vitre électrique de 15cm mais l'eau s'engouffre et je la remonte aussitôt. Avec la violence du courant la voiture plonge de temps en temps dans l'eau et se retrouvera entièrement sous l'eau à 2 reprises. A partir de ce moment l'eau rentre par la portière passager et je saisi que l'impression de sécurité du radeau improvisé ne va pas durer. Je préfère ne pas attendre d'arriver aux ponts pour sortir et profiter de discerner les silhouettes d'habitations et d'arbres pour sortir.

L'état de la voiture à l'arrivée me confirmera que les ponts auraient été fatals.

J'essaye à nouveau de descendre ma fenêtre mais sans succès. Les vitres électriques ne fonctionnent plus et la pression est trop forte pour que je puisse ouvrir la porte ne serait-ce d'1mm.

La voiture piquant du nez je me dis que l'arrière doit être un peu surélevé et ne voyant pas comment ouvrir le coffre, plein de bagages qui plus est, je descend la vitre à manivelle qui s'arrête au bout de 25cm, sécurité enfant oblige. J'essaye de la casser avec la paume de la main, en vain. N'étant pas bien gros j'entreprends de me faufiler malgré tout mais bloque au niveau des hanches car je me contorsionne trop pour pouvoir attraper l'antenne et éviter ainsi de tomber en avant. Finalement j'arrive à passer droit et rester accroché à l'antenne.

 

Me voilà la moitié du corps dans l'eau, accroché à ma voiture telle une bouée et vois flotter un camping-car 10m devant moi. La situation est irréelle est je me revois 5minutes avant, dans ma voiture à écouter tranquillement de la musique, bien au chaud et en sécurité. Je commence à chercher de quoi me maintenir hors de l'eau quand je lâcherais ma bouée de fortune. Délaissant une énorme cuve sans prise de 3m de diamètre et de petites branches je vois finalement une sorte de petite poutre en V de 2m50 et décide de tenter le tout pour le tout. Je lâche la voiture et me retrouve entrainé par le fond. Exactement ce que je redoutais. Je bois la tasse et malgré cette eau boueuse j'arrive à remonter à la surface. Sachant que je ne dois pas lutter contre le courant mais seulement me diriger pour éviter de m'épuiser je parviens à rejoindre la poutre qui me permettra de m'économiser un peu et quelques secondes plus tard je passe près d'un groupe de 4 arbres et attrape une branche que je manque de lâcher sur le coup. Je sais qu'il ne me reste plus qu'à me hisser et voyant que le diamètre du tronc n'est pas plus large qu'une bouteille d'eau je réparti ma masse sur 2 arbre et me retrouve en grand écart avec les pieds tordus dans les fourches pour éviter de casser les branches.

 

C'est une petite victoire pour moi mais sachant que la nuit ne va pas tarder(il est 19h passée ) je réfléchis à comment rejoindre un gros arbre derrière qui me semble plus stable et solide que ce saule qui bouge dans tous les sens à chaque coup de vent. Mon inquiétude est qu'une voiture ou un objet lourd vienne frapper l'arbre qui me sert de refuge. L'orage repart de plus belle et je dois remonter d'1m. La pluie est tellement fort que je passe mon temps à vider mes manches qui se remplissent d'un bol d'eau en 10 secondes. J'entreprends aussi de casser des branches pour me faire un pont entre les 2 troncs et une possible perche me permettant d'atteindre le gros arbre proche d'un mur.

Je n'aurais pas besoin de replonger, une quarantaine de minutes plus tard je vois une voiture s'arrêter sur le pont au loin et 2 hommes en sortir. Voilà ma chance d'échapper à une nuit J'appelle aussi fort que je le peux, bien décidé à ne pas les laisser partir. Au bout de plusieurs appels l'un d'eux s'approchent du torrent et m'aperçoit. Avec le bruit du courant et de la pluie je ne parviens pas à comprendre ce qu'ils disent. A partir de là je sais que ce n'est qu'une question de temps avant que des secours arrivent. Ils repartent assez vite et il faudra encore une bon quart d'heure avant que 2 hommes en cirés jaunes fluos arrivent. Idem qu'avec les 2 hommes d'avant je comprends vaguement un "vous pouvez rester?" et les voilà reparti. Un 3ème longera la berge et un peu plus tard un hélico passe au dessus de moi. Suite à ça je casse les branches du dessus pour me donner plus de visibilité et faciliter le passage pour un éventuel hélitreuillage. Ne voyant plus personne pendant un long moment je renforce mon "pont" avec les branches arrachées et commence à me poser des questions stupides du genre de "peut-être qu'on c'est mal compris et qu'ils pensent que ça va je peux rester dans l'arbre ou que ma position est sécurisée".

 

Finalement au bout d'une vingtaine de minutes, qui m'aura semblé durer une bonne heure, je vois un camion de pompier passer le pont et des secours se presser de l'autre côté de la rivière. Il fait nuit, l'hélico commence à quadriller la zone avec son projecteur. Il me repère et descend un homme pour jauger la situation et voir comment procéder puis le remonte et vient se placer juste au dessus de moi pour entreprendre de descendre le plus proche possible. La force du vent provoqué par les pales couchent violemment les arbres qui se retrouvent incliné fortement au dessus du torrent et arrachent les branches du haut. Je me retrouve surpris et mon pied gauche arrache la branche sur laquelle il reposait me faisant chuter de 50cm. Je parviens de justesse à me rattraper et remonte. Le vent est violent et pendant plusieurs secondes je me retrouve presque écartelé sans pouvoir lever la tête, le visage fouetté par la pluie. Je parviens enfin à tourner la tête et leur fait signe d'arrêter de descendre car les arbres penchent trop et j'ai peur qu'ils cassent si près du but. Suite à ça un homme descend et tente de m'atteindre. Enfin à porté de moi j'attrape le harnais et y glisse un bras, sans lâcher le tronc, puis l'autre. Le secoureur m'enserre la taille avec ses jambes et me voilà hélitreuillé.

J'ai droit à un petit tour d'hélico, suspendu à l'extérieur, avec une magnifique vu de Saint Hippolyte-du-Fort de nuit, sous la pluie et les inondation avant d'être déposé au milieu du stade 100m plus loin. Ils m'intiment de reculer et repartent aussitôt, me laissant retrouver le camion de pompiers à l'autre bout du stade après le pont.

Un pompier m'indiquera comme refuge la salle des fêtes et me voilà à marcher 1km sous la pluie en short et T-shirt. Là-bas j'y trouve de quoi boire et grignoter mais aussi de quoi sécher mon téléphone et tous mes papiers. J'y fais aussi de sympathiques rencontres qui m'aideront à téléphoner malgré le manque de réseau et n'arrivant pas à rallumer le mien je ne parviens pas à contacter l'amie que j'avais réussi à joindre au milieu de la rivière. Vers 1h du matin(donc 5h après que je me sois fait emporter ) des gendarmes viennent me voir et me permettent de contacter l'amie en question et mettre fin à plusieurs heures d'angoisse.

Elle me rejoindra le lendemain après 12h passées dans la salle des fêtes à me remémorer les évènements. Ca me permettra de retourner voir le trajet parcouru et retrouver l'arbre qui m'a sauvé.

 

Mon téléphone portable se rallumera une semaine plus tard et j'ai pu sauver mes papiers. Par contre j'y ai perdu toutes mes affaires et ma voiture, que je retrouverais 3 jours plus tard à plus de 4km du départ. J'aurais fais 2km avec elle avant de l'abandonner à un triste sort mais elle était bien trop lourde pour que je puisse la hisser avec moi sur cet arbre.

De mon côté je m'en tire avec quelques griffures dues aux branches, une épine de ronce dans l'index, un bon mal de crânes et le corps courbaturé pendant 4 jours mais indemne mentalement. Une semaine plus tard je n'ai quasiment plus de cicatrices et j'ai repris la voiture 2 jours plus tard en plein orage(prudemment bien sur ) sans que ça fasse écho à ce qui m'est arrivé. On dit qu'il faut toujours remonter à cheval après une chute."

samedi 20 septembre 2014

Forts orages méditerranéens du 20 septembre 2014 dans le Gard

Salut :

A peine remis de la vidourlade de la nuit du 17 au 18 septembre (voir le billet dédié : http://vincentlhermet.blogspot.fr/2014/09/vidourlade-des-17-18-septembre-2014.html), me voilà de retour sur les routes pour aller traquer ces orages méditerranéens d'automne, si particuliers, si beaux mais si dangereux aussi.

Cette fois-ci je suis resté en dehors des précipitations qui s'acharnaient sur le bassin d'Alès (avec d'importantes inondations à la clé) mais j'ai été servi en terme de foudre !


Je quittais Sommières vers Minuit, alors qu'un système orageux était en train de se mettre en place sur les premiers contreforts des Cévennes, de Saint-Hippolyte-du-Fort à l'Ardèche en passant par Alès.

Pas grand chose à me mettre sous la dent à Saint-Hippolyte : quelques fortes averses mais pas d'activité électrique proche. Par contre le plafond nuageux était sans cesse illuminé par des orages sévissant plus au NE en direction d'Alès et de l'Ardèche. Je décidais alors de me décaler et d'aller me positionner dans le secteur entre Lézan et Lédignan, au dessus de Cardet, avec une vue dégagée vers le Nord et le Nord-Est.


Arrivé sur place je pouvait en effet observer les orages vers le Nord du Gard et l'Ardèche. J'étais situé à la pointe Sud-Est de ces orages une nouvelle fois rétrogrades : la position idéale car proche de l'éventuelle zone de naissance des cellules et en dehors des précipitations, l'idéal pour voir de la foudre !


Vers 2h00 je pouvais observer des bourgeonnements illuminés par les éclairs intranuageux, une nouvelle cellule était en train de se mettre en place entre Alès et le Mont Bouquet.


2h10 : les premiers coups de foudre se manifestaient. Des éclairs surpuissants et très lumineux, si bien que je surexposais plusieurs photos malgré un diaphragme fermé à F9 et F10 !

15297302465_515be81502_b.jpg

Les impacts étaient systématiquement multiples, avec un nombre impressionnant d'arcs en retour : jusqu'à 6 ou 7 rallumages ! Si bien que certains impacts duraient près d'une seconde. Extraordinaire !


2h17 : des impacts ramifiés en air sec !


15294151891_4533e57964_b.jpg



2h25 : sans prévenir, bam ! Un impact bien plus proche (1 ou 2 km) là aussi avec un nombre impressionnant d'arcs en retour et mise à feu d'un arbre. Je râle un peu qu'il soit tombé en bordure de mon cadrage mais bon, je suis quand même aux anges. C'est véritablement la première fois que je vois de tels impacts en air sec sous un orage méditerranéen d'automne où les éclairs sont quasi systématiquement noyés dans la pluie ou les nuages bas !


15110596250_8e68b49987_b.jpg




2h35 : l'activité s'est un peu éloignée mais s'est considérablement renforcée : tous ces impacts sont tombés simultanément. C'est la folie.


15294151691_8735f5acc2_b.jpg



2h37 : le pilonnage continue


15110540109_1f6655c1af_b.jpg



15297301875_b039525b5b_b.jpg


Puis c'est l'accalmie relative, la zone de foudroiement s'éloigne nettement. Les impacts lointains continuent longuement d'illuminer le ciel. Je décide quand même de patienter et j'ai bien raison...

Vers 4h00 une nouvelle cellule éclot sous mon nez, des intranuageux illuminent une rideau de précipitation très proche. je me dis que ça va le faire et...


4h01 : bim, deux coups de foudre bien ramifiés et proches, le rêve pour le photographe.


15296929062_1474ff6e4c_b.jpg



Vont s'en suivre 10 minutes de folie kéraunique pure, c'est le jackpot ! Je photographie depuis l'intérieur de la voiture car la foudre est assez proche et quelques gouttes tombent.


4h02  :


15110595510_9aca02c4d2_b.jpg



4h03 : double impact magnifique


15297301425_5c31c723e9_b.jpg



4h04 : le ciel se déchaine. L'impact de droite tombe sur un arbre (peuplier ou grand cyprès).


15274261746_4a59def97c_b.jpg




4h05 : encore un puissant impact traversant les nappes de nuages bas. Que c'est beau !


15297301175_30e10ce44d_b.jpg



4h06 : le bouquet final avec ces 4 impacts simultanés. Remarquez les multiples branches de ramifications semblant surgir des nuages bas sur la droite du cliché :


15110708808_d25835f731_b.jpg


Puis la pluie m'enveloppe rapidement avec le décalage des orages vers le Sud. Il continue d'y avoir des impacts proches mais désormais inphotographiables. L'un d'eux provoquera un énorme court-circuit sur la ligne Haute Tension proche avec l'apparition d'une énorme sphère verte.

C'est le point final d'une semaine de folie sur le plan météo en Languedoc, avec des orages surpuissants amenant malheureusement leur lot de pertes humaines et de dégât matériels. Ces épisodes sont littéralement fascinants : de la puissance brute à l'état pur !

Les USA ont leurs supercellules tornadiques, la Méditerranée a ses orages d'automnes dantesques.


Maintenant place à un peu de repos...

A bientôt

Vincent

vendredi 19 septembre 2014

Vidourlade des 17-18 septembre 2014 à Saint-Hippolyte-du-Fort et Sommières

Salut !

 

Comme vous le savez, le Languedoc a été touché par des intempéries meurtrières ces derniers jours. La vallée du Vidourle a été durement touchée, sans victime heureusement.

Je vous propose mon récit de cette folle soirée et nuit du 17 au 18 septembre 2014 entre Saint Hippolyte-du-Fort et Sommières. Les photos ne sont pas extraordinaires d'un point de vue qualitatif (une grande partie a été faite à l'Iphone) mais elles ont une valeur documentaire. La violence de la pluie a compliqué la prise de vue, et la situation par moment critique a fait que j'ai bien entendu privilégié ma sécurité plutôt que la photographie : concentration sur la route et sur le déroulement des évènements pour réagir immédiatement en cas de danger. Je connais très bien ce genre d'épisode où tout peut déraper en quelques minutes !


Début de soirée : depuis près d'une heure un orage à propagation rétrograde (donc quasi stationnaire) stationne sur les premiers contreforts des Cévennes, de la région de Ganges (34) à Alès (30). Je prends la route en direction de mon secteur fétiche, lieu de tous les extrêmes orageux : le secteur de Saint Hippolyte-du-Fort, près des sources du Vidourle.

18h43 entre Quissac et Sauve : me voici en périphérie Sud du monstre. Ciel irréel, teinté d'une couleur verdâtre et illuminé par des flashs. Ca s'annonce costaud. je prends le temps de faire un point sur les radars de précipitations avant de me lancer dans la gueule du loup.


15103419317_2b5b08eea2_b.jpg



Je continue ma remontée vers le Nord. A Sauve il ne pleut pas encore mais dès Conqueyrac c'est le déluge, les fossés sont pleins et les vignes gorgées d'eau. Je vais voir où en est le Vidourle au niveau du pont submersible de Conqueyrac : à sec, l'onde de crue n'est pas encore arrivée. Du coup je me dis que ça ne doit pas être très méchant.

A peine arrivé à l'entrée Sud de Saint-Hippolyte-de-Fort je vois une scène surréaliste qui infirme mon impression précédente : les près et la route sous le Super U sont en train se se faire recouvrir d'eau ! Ca monte à vue d'oeil, incroyable, c'est violent et très sérieux !


19h05 : l'Argentesse (affluent du Vidourle qui passe lui derrière la maison) arrive de la gauche de la photo et franchit la route en une cascade improvisée. C'est de la folie.


15289982575_db118ab99f_b.jpg


15103412367_6779d679df_b.jpg




19h10 : la rivière se déchaine et continue de monter à une vitesse folle. je ne sais pas où donner de la tête : dois-je me replier en urgence ? Après analyse je suis hors de portée de l'eau, enfin pour l'instant.


15103397718_c2c50904c1_b.jpg





J'essaie de rentrer dans Saint-Hippolyte et je comprends l'ampleur de la catastrophe : l'Argentesse passe par dessus le pont de la départementale et ruisselle jusqu'au Super U via la chaussée. C'est très dangereux je fais donc immédiatement demi-tour et retourne à mon point initial situé un peu en hauteur. Il déluge et des coups de foudre violents tombent parfois à quelques centaines de mètres de la voiture. Ambiance vraiment apocalyptique, le terme n'est pas galvaudé.

Voici une vidéo trouvée sur youtube montrant la crue de l'Argentesse dans les quartiers Ouest du village, en amont du pont sur la départementale : 



Les camions de pompiers confluent vers le village en plein coeur de la tourmente. Vue que la situation est très tendue je me replie vers le Sud de manière à pouvoir sortir facilement du gros noyau orageux stationnaire en cas d'urgence et de danger.

Petit tour sur le pont situé au niveau de la zone d'activités au Sud (route de Durfort). Là aussi le fleuve était à sec il y a une heure et maintenant c'est un torrent déchainé de plusieurs centaines de mètres de large ! Il est 19h45 :


15289981765_689b65296e_b.jpg


Pour illustrer cette crue exceptionnelle, voici le graphe issu de Vigicrues. A 18h30 le Vidourle était à 0.25 mètres. A 19h30 il culminait à 5.22 mètres soit une hausse de 5 mètres en 1 heure ! Hallucinant ! C'est a priori la plus forte crue connue depuis des dizaines d'années, plus haut que la crue d'octobre 1995, elle même supérieure à celle de septembre 2002 à Saint-Hippolyte.


15103213769_464bbeee76_b.jpg


Je décide alors de retourner au pont submersible où le Vidourle était à sec il y a encore moins d'une heure.

19h54 : le Vidourle passe déjà par dessus le pont !

15286816881_110f437751_b.jpg


19h57 : en 3 minutes il est monté de plus de 30 cm. Je suis obligé de reculer en temps réel tellement l'eau monte vite (il y a un petit relief dans mon dos, je peux me replier sans problème en 5 secondes).


15103406767_0a263c7ae6_b.jpg



Plusieurs personnes sont là à observer la crue. Un monsieur me dit qu'il était là quand l'onde de crue est arrivée brutalement. L'année dernière exactement au même endroit j'avais filmé ce phénomène, sauf qu'aujourd'hui la "vague" est montée de 2 mètres en quelques secondes. Vidéo de la petite crue éclair de l'année dernière : 



Je retourne dans Saint-Hippolyte par une autre entrée non inondée pour observer le Vidourle qui commence à redescendre. La nuit est tombée et la pluie ne faiblit pas, toujours accompagnée de puissants impacts de foudre.

Pour vous mettre dans l'ambiance, voici une vidéo tournée sur la RD999 au Sud de St Hippolyte. On ne distingue pas grand chose mais cela donne une idée de l'ambiance sur la route (en sachant que c'est filmé au Sud de la ville, en dehors des précipitations maximales !) :



Je reste dans le secteur encore plusieurs dizaines de minutes mais vu que la pluie ne faiblit pas et que la RD999 commence à s'inonder je me replie vers le Sud, direction Sommières je ne souhaite pas être bloqué et je veux suivre l'onde de crue au fur et à mesure de sa propagation vers l'aval.

Mais l'orage décide lui aussi de gagner le Sud, si bien que je subis un véritable déluge entre Sauve et Salinelles. Là je me suis fait quelques frayeurs car quand on circule on ne sait jamais sur quoi on va tomber, surtout de nuit, d'autant plus que les intensités étaient telles qui je ne voyais qu'à quelques mètres... Finalement j'arrive sans encombre à Sommières avec les premières gouttes, qui se transforment très vite en pluie diluvienne.

Je suis à présent persuadé que le Vidourle va sortir dans la vieille ville vu la crue en amont et le déluge que je viens de traverser sur le moyen bassin versant. Habitant en zone inondable (mais à l'étage), je vais garer ma voiture au château, hors de portée de l'eau. Il est 23 heures et le fleuve est sage dans Sommières. Mais c'est trompeur et je le sais.

Je monte chez moi pour me changer et surveiller les radars et Vigicues, sans surprise le fleuve monte en flèche à Quissac (pic à plus de 4 mètres à 23h45), je sais que j'ai plusieurs heures devant moi pour que l'onde se propage.

J'en profite pour payer le café à "Météo cévenole" et son amie qui sont descendus de Lozère pour intercepter les orages. Puis ils regagnent leur montagne et je lutte contre le sommeil car je sais que ça n'est pas le moment de s'endormir.

1h20 : la sirène de Sommières sonne pour avertir la population, complétée d'une annonce via les hauts-parleurs pour demander aux habitants d'évacuer leurs voitures garées dans les rues basses, le fleuve a entamé sa crue est pointe à 1.8 mètres (les premiers débordements ont lieu vers 3 mètres environ).

3h00 environ : les premiers débordements ont lieu sur le quai au niveau de la Grave.


4h00 : Vidourle déborde sur le quai F. Gaussorges devant l'office de tourisme et dépasse la dernière vidourlade en date du 30 octobre 2010 (voir mon reportage photo de l'époque : http://vincentlhermet.blogspot.fr/2014/09/archives-vidourlade-du-30-octobre-2010.html

Petite vidéo d'ambiance sur les quais :

 


Je vais réveiller le voisin qui avait laissé sa voiture dans la rue et dont le pneus commencent à tremper dans l'eau !

4h30 : le fleuve approche des 4 mètres. La crue commence à devenir problématique avec plusieurs commerces touchés. Ici dans la rue entre la place Jaurès et la place du Marché :


15103416647_e7f7c70653_b.jpg


Le quai Gaussorgues sous l'eau :


15266940336_eaed9ec271_b.jpg



Je traverse le pont romain pour aller voir la place des Aires. Surprise, de nombreuses voitures sont resté stationnées malgré la sirène et les annonces au micro ! La crue montera 50 cm plus haut que sur ces photos, autant vous dire qu'il y a eu de nombreuses épaves...

15103400338_3dc0fc159a_b.jpg


4h30 : traditionnelle photo de la place du Marché, point le plus bas de la vieille ville, où on relèvera 1.8 mètres d'eau au plus fort de la crue :


15103255620_73e7a718cd_b.jpg


L'eau monte encore, je vais alors donner un coup de main à la boutique situé en rez de chaussée de mon immeuble pour mettre les produits à l'abri car ça y est l'eau atteint le bas de la rue Général Bruyère. Des voisins aident aussi, solidarité sommièroise comme à chaque inondation. (Finalement la boutique échaperra de peu à l'inondation).


5h15 : cote 4.2 mètres. Photo prise depuis l'étage de mon immeuble :


15103404288_7c1d68c7d8_b.jpg


7h00 : pic de la crue à 4.45 mètres ! C'est la plus forte crue à Sommières depuis l'automne 2003 tout de même. Un hélicoptère tourne et fait une reconnaissance au-dessus de la ville. l'air est chargé d'une odeur de fioul...

Depuis le fenêtre de ma chambre :


15266943426_ef28dd4fdd_b.jpg




Le jour se lève et l'eau flirte avec la porte de mon immeuble (il a manque 15-20 cm pour que l'eau pénètre dans la cage d'escalier et dans ma cave) :


15266942536_9021c7a30f_b.jpg



Zoom sur le parking de l'autre côté du Vidourle, là aussi plusieurs voitures baignent :


15103417217_fd0ca0eabc_b.jpg


Ma rue (Général Bruyère) sous l'eau avec le fleuve en arrière plan. Là aussi des voitures ont baigné...


15103396228_d117fa64d6_b.jpg



Graphe de la crue à Sommières :


15289575192_ee0fd8fe19_b.jpg


Ce soir c'est la décrue et l'on retrouve des surprises dans le lit du Vidourle, une voiture emportée par le courant... :


15103216309_85eb313ab0_b.jpg


Pour conclure, voici une image montrant la lame d'eau par interpolation radar au cours de cet épisode (source : Météo France). On constate une tache rouge (plus de 440 mm de pluie) sur la montagne de la Fage au-dessus de Saint-Hippolyte-du-Fort. Ceci explique la réaction très brutale de l'Argentesse. on remarque aussi que la quasi totalité du bassin versant en amont de Sommières a reçu plus de 180 mm :


15104291317_0471554ae5_b.jpg

Au final j'aurais vraiment vécu une soirée et nuit de folie ! L'orage de Saint-Hippolyte-du-Fort est le plus impressionnant qu'il m'ait été donné de vivre étant donné sa puissance et surtout sa durée ! C'est aussi ma première vidourlade en tant qu'habitant de Sommières. Voilà je suis baptisé ! Ces épisodes méditerranéens et cévenols sont vraiment unique, c'est vraiment à vivre quand on est passionné de météo (avec toute la prudence qui s'impose).

Courage aux sinistrés, les pertes ont été lourdes à Saint-Hippolyte notamment.

A bientôt.

Vincent