Vidéo exceptionnelle : véhicule emporté par l'Argentesse en crue le 17-09-2014
Salut !
Suite à mon article sur la vidourlade des 17-18 septembre 2014 à Saint-Hippolyte-du-Fort et Sommières (http://vincentlhermet.blogspot.fr/2014/09/vidourlade-des-17-18-septembre-2014.html) j'ai reçu plusieurs commentaires et messages de personnes ayant vécu cette crue.
Une de ces personnes (Copa30 sur Youtube) m'a signalé les vidéos qu'il a tourné le 17 septembre au soir à St-Hippolyte.
Il s'agit véritablement d'un document exceptionnel ! En effet ces images effrayantes montrent sa voiture emportée par l'Argentesse en crue alors qu'il est au volant, le tout filmé en caméra embarquée !
Signalons que la personne s'en est sortie vivante, ce qui est un miracle vu les vidéos suivantes. A regarder dans l'ordre chronologique pour bien comprendre.
Vidéo n°1 : https://www.youtube.com/watch?v=gThflcD9MC0
Traversée de Saint-Hippolyte-du-Fort sous le déluge. Il est environ 18h39 et l'Argentesse ne submerge pas encore le pont (la voiture le traverse à la 50ème seconde de la vidéo). L'automobiliste se dirige en direction de Ganges via la RD999. Les intensités pluvieuses sont énormes et les premiers fossés débordent.
18h50 environ. Tout bascule... L'Argentesse et les ruissellements submergent la RD999. Les voitures sont bloquées.
A environ 1 mn sur la vidéo, l'automobiliste tente un demi tour mais son véhicule est emporté par le courant de l'eau qui recouvre à présent la chaussée et fini dans l'Argentesse en crue ! Incroyable ! S'en suit 1 mn effrayante (bien que la personne garde son sang froid) où la voiture flotte et est malmenée au sein du torrent furieux, chances de survie minimes dans ces conditions...
Par bonheur, l'automobiliste finira sain et sauf (je suis en attente de précisions concernant son sauvetage et la manière dont il s'en est tiré sans encombre).
Sa voiture finira elle environ 4 km plus loin, déchiquetée dans le Vidourle au Sud de Saint-Hippolyte. Voir la vidéo n°3 : https://www.youtube.com/watch?v=r8sCEP6zHeQ
Voici une carte montrant l'endroit où la voiture a été emportée et l'endroit où elle a été retrouvée à la décrue , à plusieurs km de là en aval du village :
Cette vidéo est un témoignage exceptionnel. D'une part parce que l'automobiliste s'en est sorti vivant (ce qui relève du miracle) et d'autre part car elle montre (en mode caméra embarquée, donc de manière tout à fait claire pour tout le monde) comment tout peut basculer en quelques minutes sous ces orages méditerranéens diluviens. Un vidéo somme toute très pédagogique car elle montre qu'il suffit de quelques dizaines de cm de ruissellements pour se faire emporter en voiture...
Un grand merci à Copa30 pour ses vidéos et bon courage à lui pour la suite.
A bientôt.
Vincent
Ajout du 15 octobre 2014 : ci-dessous, le témoignage écrit par "Copa le rescapé".
"Oui et je suis indemne.
Mercredi 17 septembre je prends la route Anduze-Vailhauquès vers 18h.
Il déluge et je décide de filmer avec mon portable accroché au rétroviseur.
Arrivé à Saint Hyppolite-du-Fort la pluie bat son plein et je dois traverser des routes inondées de 20cm.
Je rattrape une file de voitures roulant très doucement. Ca ne me
rassurait pas car j'avais peur de noyer le moteur vu l'eau sur la route.
Et au bout d'1 km les 5 voitures se stoppent et je vois une file de voitures derrière moi nous rejoindre.
Etant à l'arrêt je relance la caméra du portable et vois 2 voitures passer en sens inverse suivies de 2 autres.
N'en reste plus qu'une devant moi et j'attends qu'elle fasse demi-tour pour pouvoir faire le mien.
Elle avance un peu mais ne fait toujours pas demi-tour et voyant l'eau
traverser toute la route et monter de 20cm en autant de secondes je
commence un demi-tour en marche arrière.
Trop tard... L'eau est trop montée et le courant vient soulever ma
voiture sur le côté, me fait faire un 180° et je me retrouve entrainé
dans un champs de vignes recouvert de 2m d'eau puis poussé par le
courant dans le lit de l'Argentesse. Juste le temps de voir la file de
voiture dans laquelle j'étais et me voilà parti dans un torrent en plein
déluge.
Mon premier reflex est de défaire ma ceinture au cas où je viendrais à
rentrer dans un arbre et que la voiture coulerait. Etant sous adrénaline
tout m'aura semblé plus long mais au bout de quelques secondes la
voiture se tourne dans le sens du courant et sachant le danger dans
lequel je suis je décide d'appeler une amie pour qu'elle prévienne les
pompiers.
Je décide ensuite de réunir ce qui pourrait me servir:
-mon coupe-vent pour m'imperméabiliser, me protéger un peu dans l'eau et
me permettre de garder ma chaleur si je venais à passer la nuit dans un
arbre.
-mon téléphone portable avec tous mes contacts, la vidéo et peut-être la possibilité d'appeler des secours.
-mon porte-feuille avec tous mes papiers. C'est toujours ça comme temps
gagné en démarches et aussi un bon moyen de connaître mon identité si je
venais à être trouvé inconscient ou mort.
Le moteur est noyé et je n'arrive plus à le démarrer mais les lumières
du tableau de bord et de l'autoradio sont encore allumées. J'arrive à
descendre ma vitre électrique de 15cm mais l'eau s'engouffre et je la
remonte aussitôt. Avec la violence du courant la voiture plonge de temps
en temps dans l'eau et se retrouvera entièrement sous l'eau à 2
reprises. A partir de ce moment l'eau rentre par la portière passager et
je saisi que l'impression de sécurité du radeau improvisé ne va pas
durer. Je préfère ne pas attendre d'arriver aux ponts pour sortir et
profiter de discerner les silhouettes d'habitations et d'arbres pour
sortir.
L'état de la voiture à l'arrivée me confirmera que les ponts auraient été fatals.
J'essaye à nouveau de descendre ma fenêtre mais sans succès. Les vitres
électriques ne fonctionnent plus et la pression est trop forte pour que
je puisse ouvrir la porte ne serait-ce d'1mm.
La voiture piquant du nez je me dis que l'arrière doit être un peu
surélevé et ne voyant pas comment ouvrir le coffre, plein de bagages qui
plus est, je descend la vitre à manivelle qui s'arrête au bout de 25cm,
sécurité enfant oblige. J'essaye de la casser avec la paume de la main,
en vain. N'étant pas bien gros j'entreprends de me faufiler malgré tout
mais bloque au niveau des hanches car je me contorsionne trop pour
pouvoir attraper l'antenne et éviter ainsi de tomber en avant.
Finalement j'arrive à passer droit et rester accroché à l'antenne.
Me voilà la moitié du corps dans l'eau, accroché à ma voiture telle une
bouée et vois flotter un camping-car 10m devant moi. La situation est
irréelle est je me revois 5minutes avant, dans ma voiture à écouter
tranquillement de la musique, bien au chaud et en sécurité. Je commence à
chercher de quoi me maintenir hors de l'eau quand je lâcherais ma bouée
de fortune. Délaissant une énorme cuve sans prise de 3m de diamètre et
de petites branches je vois finalement une sorte de petite poutre en V
de 2m50 et décide de tenter le tout pour le tout. Je lâche la voiture et
me retrouve entrainé par le fond. Exactement ce que je redoutais. Je
bois la tasse et malgré cette eau boueuse j'arrive à remonter à la
surface. Sachant que je ne dois pas lutter contre le courant mais
seulement me diriger pour éviter de m'épuiser je parviens à rejoindre la
poutre qui me permettra de m'économiser un peu et quelques secondes
plus tard je passe près d'un groupe de 4 arbres et attrape une branche
que je manque de lâcher sur le coup. Je sais qu'il ne me reste plus qu'à
me hisser et voyant que le diamètre du tronc n'est pas plus large
qu'une bouteille d'eau je réparti ma masse sur 2 arbre et me retrouve en
grand écart avec les pieds tordus dans les fourches pour éviter de
casser les branches.
C'est une petite victoire pour moi mais sachant que la nuit ne va pas
tarder(il est 19h passée ) je réfléchis à comment rejoindre un gros
arbre derrière qui me semble plus stable et solide que ce saule qui
bouge dans tous les sens à chaque coup de vent. Mon inquiétude est
qu'une voiture ou un objet lourd vienne frapper l'arbre qui me sert de
refuge. L'orage repart de plus belle et je dois remonter d'1m. La pluie
est tellement fort que je passe mon temps à vider mes manches qui se
remplissent d'un bol d'eau en 10 secondes. J'entreprends aussi de casser
des branches pour me faire un pont entre les 2 troncs et une possible
perche me permettant d'atteindre le gros arbre proche d'un mur.
Je n'aurais pas besoin de replonger, une quarantaine de minutes plus
tard je vois une voiture s'arrêter sur le pont au loin et 2 hommes en
sortir. Voilà ma chance d'échapper à une nuit J'appelle aussi fort que
je le peux, bien décidé à ne pas les laisser partir. Au bout de
plusieurs appels l'un d'eux s'approchent du torrent et m'aperçoit. Avec
le bruit du courant et de la pluie je ne parviens pas à comprendre ce
qu'ils disent. A partir de là je sais que ce n'est qu'une question de
temps avant que des secours arrivent. Ils repartent assez vite et il
faudra encore une bon quart d'heure avant que 2 hommes en cirés jaunes
fluos arrivent. Idem qu'avec les 2 hommes d'avant je comprends vaguement
un "vous pouvez rester?" et les voilà reparti. Un 3ème longera la berge
et un peu plus tard un hélico passe au dessus de moi. Suite à ça je
casse les branches du dessus pour me donner plus de visibilité et
faciliter le passage pour un éventuel hélitreuillage. Ne voyant plus
personne pendant un long moment je renforce mon "pont" avec les branches
arrachées et commence à me poser des questions stupides du genre de
"peut-être qu'on c'est mal compris et qu'ils pensent que ça va je peux
rester dans l'arbre ou que ma position est sécurisée".
Finalement au bout d'une vingtaine de minutes, qui m'aura semblé durer
une bonne heure, je vois un camion de pompier passer le pont et des
secours se presser de l'autre côté de la rivière. Il fait nuit, l'hélico
commence à quadriller la zone avec son projecteur. Il me repère et
descend un homme pour jauger la situation et voir comment procéder puis
le remonte et vient se placer juste au dessus de moi pour entreprendre
de descendre le plus proche possible. La force du vent provoqué par les
pales couchent violemment les arbres qui se retrouvent incliné fortement
au dessus du torrent et arrachent les branches du haut. Je me retrouve
surpris et mon pied gauche arrache la branche sur laquelle il reposait
me faisant chuter de 50cm. Je parviens de justesse à me rattraper et
remonte. Le vent est violent et pendant plusieurs secondes je me
retrouve presque écartelé sans pouvoir lever la tête, le visage fouetté
par la pluie. Je parviens enfin à tourner la tête et leur fait signe
d'arrêter de descendre car les arbres penchent trop et j'ai peur qu'ils
cassent si près du but. Suite à ça un homme descend et tente de
m'atteindre. Enfin à porté de moi j'attrape le harnais et y glisse un
bras, sans lâcher le tronc, puis l'autre. Le secoureur m'enserre la
taille avec ses jambes et me voilà hélitreuillé.
J'ai droit à un petit tour d'hélico, suspendu à l'extérieur, avec une
magnifique vu de Saint Hippolyte-du-Fort de nuit, sous la pluie et les
inondation avant d'être déposé au milieu du stade 100m plus loin. Ils
m'intiment de reculer et repartent aussitôt, me laissant retrouver le
camion de pompiers à l'autre bout du stade après le pont.
Un pompier m'indiquera comme refuge la salle des fêtes et me voilà à
marcher 1km sous la pluie en short et T-shirt. Là-bas j'y trouve de quoi
boire et grignoter mais aussi de quoi sécher mon téléphone et tous mes
papiers. J'y fais aussi de sympathiques rencontres qui m'aideront à
téléphoner malgré le manque de réseau et n'arrivant pas à rallumer le
mien je ne parviens pas à contacter l'amie que j'avais réussi à joindre
au milieu de la rivière. Vers 1h du matin(donc 5h après que je me sois
fait emporter ) des gendarmes viennent me voir et me permettent de
contacter l'amie en question et mettre fin à plusieurs heures
d'angoisse.
Elle me rejoindra le lendemain après 12h passées dans la salle des fêtes
à me remémorer les évènements. Ca me permettra de retourner voir le
trajet parcouru et retrouver l'arbre qui m'a sauvé.
Mon téléphone portable se rallumera une semaine plus tard et j'ai pu
sauver mes papiers. Par contre j'y ai perdu toutes mes affaires et ma
voiture, que je retrouverais 3 jours plus tard à plus de 4km du départ.
J'aurais fais 2km avec elle avant de l'abandonner à un triste sort mais
elle était bien trop lourde pour que je puisse la hisser avec moi sur
cet arbre.
De mon côté je m'en tire avec quelques griffures dues aux branches, une
épine de ronce dans l'index, un bon mal de crânes et le corps courbaturé
pendant 4 jours mais indemne mentalement. Une semaine plus tard je n'ai
quasiment plus de cicatrices et j'ai repris la voiture 2 jours plus
tard en plein orage(prudemment bien sur ) sans que ça fasse écho à ce
qui m'est arrivé. On dit qu'il faut toujours remonter à cheval après une
chute."
Vraiment impressionnant !
RépondreSupprimerCopa, tu t'en es sorti c 'est le principal, on n'a pas tous le véhicule du commandant Cousteau ! Bonne nuit.Mp.
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